jeudi 17 avril 2014

Méthanisation Lescheroux



  Visite de l’unité de méthanisation de Lescheroux 

le samedi 5 avril 2014

sur une proposition de Grosnebiogaz




Dans un courrier de Grosne Biogaz : Réponse aux riverains du projet de méthanisation sur les questions posée en mairie le 12 mars 2014 et sur les questions posées les 4 et 9 mars 2014, était proposée "en échange" de l'avancée de la date de réunion publique...

 

 

 

Nous apprécions la suffisance des termes employés : "que les échanges (...) ne se fassent pas sur des suppositions mais sur des constats". 

En effet, nous avons pu constater que cette méthanisation à Lescheroux n'a RIEN de comparable au projet d'implantation de d'unité de méthanisation à Ouroux.


Compte-rendu


Une vingtaine de personnes du village ont participé à cette visite.
L’unité de méthanisation est plus importante que celle qui est envisagée à Ouroux : elle traite 12000 tonnes de matières /an (8500 à Ouroux).

Le site : 

L’unité se situe à l’écart du village, dans une ferme d’élevage porcin, sur un terrain en contrebas de la maison d’habitation, de la porcherie et des bâtiments agricoles.
Le propriétaire possède 280 truies et produit 7000 porcs charcutiers /an, soit 7000 m3 de lisier /an.

Sur une vaste esplanade de béton, 



on trouve le digesteur enterré (20 mètres de diamètre sur 6 mètres de haut) surmonté d’une trémie et d’une torchère, le post-digesteur enterré (34 mètres de diamètre sur 6 mètres de haut) surmonté d’un dôme apparent (6 mètres de haut)



deux aires de stockage des fumiers, 


le bâtiment abritant le cogénérateur et un bureau. La surface totale du site est de 1000m2. 

En contrebas de ce site, à 400 mètres environ, a été construit un vaste séchoir. Au-delà, ce sont les champs et les bois à perte de vue.
Il n’y a pas de riverains.


Les porteurs du projet : 

Ils sont deux associés, dont M. Thénoz, propriétaire de la ferme. Durant quinze ans, M. Thénoz a travaillé à Paris, dans le commerce international ; c’est un entrepreneur.  
Le projet, en germe depuis 2006, a vu le jour en 2012, après 6 ans de recherches. 45 unités de méthanisation ont été visitées, en Autriche, en Allemagne, au Danemark.
25 entreprises ont répondu à l’appel d’offres pour construire ce site ; 4 ont été retenues, parmi lesquelles celle qui a remporté le contrat.
Le chantier a duré un an, son coût est de 1 900 000 €. 


Les objectifs :
  • Produire de l’électricité (1/3 de l’énergie produite par unité de méthanisation, dans toutes les configurations) et la revendre à ERDF, à raison de 17 centimes le KW/h sur 15 ans : intérêt lucratif.
  • Produire de la chaleur (2/3 de l’énergie produite par unité de méthanisation, dans toutes les configurations).
La chaleur est ici utilisée pour chauffer la maison d’habitation, le digesteur (température constante de 38° à 41° pour favoriser le travail des bactéries), et certaines installations agricoles comme la nursery des porcelets : meilleure gestion de la ferme.
  •  « Elargir le cercle de compétences du site »: grâce au séchoir, établir des partenariats (avec une ferme ayant obtenu le label AOC « crème et beurre de Bresse » et avec l’ONF. La luzerne produite pour les vaches est séchée sur le site, et du bois provenant de diverses régions de France pourrait être séché sur le site également, grâce à des bennes à double fond que les transporteurs laisseraient sur place, le temps du séchage).

Les intrants :
  •  7000 tonnes de lisier de porc acheminé par conduites souterraines directement de la porcherie au digesteur.
  • 1200 tonnes de fumier bovin et équin (partenariat avec des fermes bovines et un centre équestre qui fournissent ces matières).
  • Déchets alimentaires et graisses de flottation d’usines agro-alimentaires (très méthanogènes).
  
La gestion du site :
  • Le lisier de porc, soit l’essentiel des matières, est acheminé vers le digesteur par canalisations enterrées. Cela évite le transport par camions et trop d’odeurs.
  • Les fumiers bovin et équin sont transportés par camion mais, pour éviter les allées et venues sur le site, a été installée au-dessus du digesteur une trémie automatisée. Elle ne nécessite qu’un chargement dans la journée et distribue régulièrement les matières, par un système de clapets.
  • Le cogénérateur a fait l’objet d’un contrat avec une équipe de maintenance qui peut intervenir 24 h / 24 en cas de problème.
  • Pour le dôme du post-digesteur, c’est le principe de la membrane double-peau qui a été retenu, par souci de sécurité, en raison de la force des vents sur le site.
  • Le cogénérateur se trouve dans un bâtiment en dur, insonorisé avec des matériaux de qualité, pour limiter au maximum les nuisances sonores.
Le propriétaire explique la taille du site : plus le volume de stockage est important, meilleure est la dégradation des fibres longues du fumier et du lisier. Après étude, il s’est avéré que des cuves de 6 m de hauteur sont l’idéal dans ce genre d’installation.

  • Pour que l’impact visuel soit réduit au maximum, le choix a été fait d’enterrer les deux grosses structures.

L’impression du visiteur :
  • Impact visuel : bien qu’il soit enterré, le site demeure impressionnant, en raison du dôme de 6 m de haut qui domine l’esplanade. On a l’impression d’être sur un site industriel. Tout est très propre, très net, et bien géré – tout neuf encore !
  • Impact sonore : le cogénérateur produit un bourdonnement constant, peu puissant à l’extérieur du bâtiment, mais un autre moteur (assainisseur d’air ?) qui jouxte le bâtiment produit un ronflement désagréable.
  • Impact olfactif : des odeurs de lisier stagnent autour du digesteur. Lorsque le propriétaire soulève une trappe de sécurité installée sur le digesteur, une forte odeur de soufre se répand sur les lieux. Qu’en est-il au moment des livraisons de déchets alimentaires et graisses de flottation d’usines ? qu’en est-il sous la chaleur d’été ?


Les remarques qu’inspire cette visite au regard du projet situé à Ouroux :  
  • A Ouroux, les structures risquent de ne pouvoir être enterrées en raison de la nature du sol (granit).
  • A Ouroux, les intrants seront transportés depuis l’extérieur par camions  ou tracteurs et manipulés à nouveau sur le site de la même manière, multipliant bruits, odeurs, pollution : pas de canalisations souterraines, ni d’automatismes.
  • A Ouroux, il y a des riverains, très proches, à 50 m du site.
  • A Ouroux, il n’y a pas d’espace, pas d’aire de dégagement autour du site.
  • A Ouroux, il y a une rivière classée sur le terrain même. 35 m suffiront-ils à la préserver ?
  • A Ouroux, il y a une route départementale accolée au site : quelles distances de sécurité seront respectées ?
  • A Ouroux, le projet serait implanté à l’entrée nord du village, au vu de tous, défigurant des abords flatteurs qui offrent une vue sur l’église romane dont le clocher est classé.
  • A Ouroux, le projet n’est pas à la ferme, et la rentabilité de la chaleur hors exploitation agricole se pose. Un contrat avec la commune serait-il vraiment judicieux et défendable ?
  • A Ouroux, le projet est porté par dix personnes, et non par deux comme à Lescheroux (M. Thénoz a précisé que de la multiplication d’associés fragilise le projet ainsi que le fonctionnement et la gestion de la méthanisation).
  • A Ouroux, n’y aurait-il  vraiment jamais de déchets carnés, contrairement au site proposé dans un premier temps par Grosne Biogaz en Haute-Savoie ?
  • A Ouroux, en zone de montagne, les intempéries hivernales n’entraveraient-elles pas le fonctionnement du site (nécessité d’un apport quotidien et régulier de matières).

1 commentaire:

  1. Quelle est la hauteur des subventions perçues (argent public, rappelons-le) ?
    Le retour sur expérience le prouve à présent : sans subvention, un tel projet n'est pas viable. Or, le prix d'achat des déchets, carnés ou d'IAA ou de grande surface par exemple, lui monte très vite et certaines de ces sociétés "opportunistes de la méthanisation" se trouvent en déficit de plus de 800 000 euros après seulement 2 ans de fonctionnement...

















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