dimanche 20 juillet 2014

Histoire du pré de la Tallebarde

     

              Que nous apprend la Grosne…  





                   … au pré de la Tallebarde ?




 Pour le savoir,  nous disposons de deux véritables cartes au trésor : 

                                       la carte  d'État Major de 1822...




                                                     et le cadastre de 1825.

Ces cartes nous enseignent que le pré était traversé par un canal ( bief ) et comportait une retenue d'eau qui alimentait le bâtiment de la tannerie et corderie ( anciennes fonctions de la Tallebarde ).


L'agrandissement du système d'écluses, cerclé en rouge sur la carte, montre comment circulait l'eau sur la Grosne :


1 : écluse de débit sur la Grosne

2 : bassin ( lavoir, différentes fonctions suivant les époques )

3 : écluse du bief vers la Tallebarde


     Descendons dans la rivière pour y retrouver les traces de ces aménagements :



    Le même système de barrage et d'écluses vu sous un autre angle :   


Ce système extrêmement ingénieux de gestion et d'utilisation de l'eau remonte    certainement à l'époque romaine, et à des temps plus anciens encore, à mettre en relation avec les pierres "cyclopéennes" du chemin du Bûcheron.

 On retrouve des pierres taillées, autrefois appareillées, et qui supportaient les  ouvrages en bois des écluses.




 

                                       Ci-dessous, pierre d'écluse et son fer ... 


… et de beaux vestiges de l'aménagement des berges, tout cela le long du pré de la Tallebarde. 




                       À quoi ressemble une écluse en fonctionnement ?

 En voici un exemple récent sur une rivière semblable à la Grosne.                      Il faut imaginer que, ne serait-ce qu'il y a deux siècles, la Grosne charriait beaucoup plus d'eau qu'aujourd'hui.




Tous ces aménagements, à cet emplacement-là, pour quoi faire ?                   

Pour réguler le cours de la rivière … et alimenter le bief de la Tallebarde.

En amont du barrage de l'écluse, l'encaissement du lit de la Grosne montre combien la retenue pouvait être importante.




À quoi pouvait ressembler le bief de la Tallebarde ?

Sur 100 mètres en pente douce et régulière, le canal d'amenée ou bief, dirigeait l'eau vers un bassin.

 Ce canal devait être autrefois en terre, empierré par endroits.                               Puis l'eau repartait du bassin sur 80 mètres en direction d'un sas appelé le biradé, sorte de déversoir. L'eau contournait alors le bâtiment de la Tallebarde pour alimenter plus loin un autre bief, comme nous le montre le cadastre de 1825.









Cette page  laisse à penser que le pré de la Tallebarde renferme plus de secrets qu'on ne pourrait l'imaginer.

En effet, passé la représentation moyenâgeuse du site, c'est à dire maisons en bois, tannerie, activités diverses liées à l'eau ... la découverte de petits bouts de poterie néolithique révèle une occupation très ancienne des lieux.



De plus, le dégagement immédiat du pré sur un point élevé, "Gros bois", conforte la thèse de l'établissement d'un village gaulois au pied d'une montagne qui a dû servir d'oppidum ( point haut fortifié ) en des temps reculés.

Ce coin de rivière, ce terrain, cette bâtisse ne sont pas des lieux anodins. Ils ont une véritable histoire. Méritent-ils d'être désormais dévolus à des aires de stockage de fumiers et de lisiers,  cogénérateur et autre méthaniseur ?     

Ne devons-nous pas respecter leur intégrité et nous aventurer à la recherche de ces mystères qui constituent un vrai patrimoine ?



                                                             Par Olivier Albert pour le CPVVGO

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